Vous ne le savez surement pas mais cela fait maintenant plusieurs années que j’étudie le chinois. Je parle bien du mandarin et non du cantonnais (ne pas confondre). Je suis tombée amoureuse de cette langue et de ce pays lors de mon premier voyage en Chine en 2012. Depuis, j’y suis retournée une seconde fois en 2016 et j’espère y retourner l’année prochaine pour visiter la province du Xinjiang. Je me suis donc dit que comme cela fait longtemps que je n’ai pas publié d’article, pourquoi ne pas en faire un sur la langue chinoise? Beaucoup de mes amies me demandent si le chinois est si difficile que cela à apprendre. Voici donc un article pour répondre à cette question.
Pour beaucoup, le chinois mandarin est une langue d’avenir… Probablement la deuxième langue la plus importante dans le monde. Pourtant, l’espagnol et l’allemand, qui offrent des perspectives certainement moins intéressantes, sont des langues plus apprises que le chinois. La faute au système scolaire vieillissant certes. Mais également à certaines croyances… Car beaucoup trop de gens croient que l’apprentissage du mandarin est réservé à une élite. S’il est vrai qu’il n’est pas facile d’apprendre le chinois, croire que c’est inabordable est une erreur.
Le bout du monde
Dans l’imaginaire de beaucoup de gens, le chinois est une des langues les plus complexes et les plus éloignées du français. Pour preuve, les expressions “parler chinois”, ou “c’est du chinois”, qui veulent dire que c’est incompréhensible. L’éloignement géographique est une des causes de cette croyance. Effectivement, l’empire du milieu ne se situe pas tout près. Approximativement à 8000 kilomètres de la France. Et pour beaucoup, 8000 kilomètres, c’est le bout du monde… mais en réalité, pas tant que cela… Seulement six heures de décalage horaire avec la France pour la Chine, contre douze heures pour la Nouvelle Zélande. Seulement onze heures de vol pour Shanghai depuis Paris, contre seize pour Montevideo. La Chine est donc loin d’être le bout du monde.
Cette notion de distance est tout simplement dû à un héritage historique. Jusqu’à la découverte de l’Amérique (1492), la Chine représentait “l’autre bout de la Terre”. D’ailleurs, avant Christophe Colomb, celui qui est considéré comme le grand explorateur occidental, n’est autre que Marco Polo. Et Marco Polo est bien évidemment connu pour son voyage en Chine au XIIIe siècle. Par contre au niveau culturel, l’écart est absolument indéniable, et gigantesque. Entre la cuisine, les coutumes, la mentalité… difficile de trouver une culture plus éloignée. C’est donc peut-être cela qui explique pourquoi la Chine paraît encore si lointaine à nos yeux.
Une écriture mystérieuse
Ce qui fait peur en chinois, c’est bien souvent l’écriture. Au premier abord, les caractères chinois paraissent indéchiffrables. Il apparaît encore moins possible d’être capable de les reproduire à la mémoire. Mais le pire, c’est que contrairement à l’arabe ou au russe, il ne s’agisse pas d’un alphabet. Il y a plus de quatre-vingt mille caractères, qui ont tous un sens, une prononciation, et une utilisation qui leur est propre… vous avez le tournis? Rassurez-vous, l’écriture chinoise n’est pas si inabordable en réalité.
Premièrement, il n’est, bien évidemment, pas nécessaire de connaître tous les caractères. Un chinois moyen connaît environ deux mille caractères.
Deuxièmement, de nombreux caractères sont composés par d’autres caractères. Par exemple, le caractère 好(Hǎo), qui veut dire “bon” ou “bien”, est composé du caractère 女(Nǚ) qui veut dire “femme”, et 子(Zi) qui signifie “enfant”.
Troisièmement, les caractères sont pour beaucoup, relativement simples à mémoriser. Par exemple, il est facile de comprendre pourquoi le caractère 好(Hǎo), qui veut dire “bien” ou “bon”, est composé du caractère de la femme et de celui de l’enfant. Il y a généralement une explication passionnante derrière chaque caractère.
Enfin, selon moi, le plus important est de reconnaître les caractères et non de savoir les écrire. Pourquoi? Tout simplement car, de nos jours, et dans les années à venir, nous serons de moins en moins amenés à écrire de manière manuscrite. Nous écrivons tous majoritairement sur des claviers, et cela sera de plus en plus le cas. En l’occurrence, le chinois s’écrit avec un clavier occidental en entrant la la correspondance phonétique (pinyin) du caractère.
Voici la description des six niveaux de HSK (équivalent du toeic/toefl en mandarin)
Niveau | Caractères | Mots | Description |
1 | 178 | 150 | Comprendre et savoir utiliser des mots et phrases très simples, pour répondre à des besoins ponctuels de communication |
2 | 349 | 300 | Être capable de communiquer en situation et simplement à propos des sujets familiers ou quotidiens |
3 | 623 | 600 | Être capable de mener à bien des communications dans la vie courante, les études et le cadre professionnel. Pouvoir se débrouiller dans un voyage touristique |
4 | 1 075 | 1 200 | Être capable de discuter couramment à propos de sujets de domaines divers |
5 | 1 711 | 2 500 | Lire couramment la presse, suivre un film ou une émission télévisée, prononcer un discours structuré |
6 | 2 633 | 5 000 | Comprendre aisément les informations entendues ou lues, s’exprimer facilement à l’oral ou à l’écrit |
Une sonorité très exotique
Si le mandarin est considéré comme une langue difficile ou distante, c’est aussi à cause de sa sonorité. Dans un premier temps, la prononciation cause, en général, bien des soucis à tout étudiant en langue chinoise. Pouvoir parler chinois sans accent français relève du miracle. Mais pas de panique, l’accent français est plutôt bien compris par un chinois. De plus, comme un peu partout dans le monde, l’accent français est bien reçu en Chine. Il donne un certain charme et une image romantique. Le principal, c’est de tout de même, assez bien prononcer pour se faire comprendre. Pour cela, pas de secret, il faut pratiquer régulièrement : regarder des films/séries chinois, écouter de la musique chinoise, et bien sûr, échanger avec un chinois ou une chinoise.
Tout comme le vietnamien et le thaï, le chinois est une langue tonale. On compte quatre tons en chinois, plus un ton neutre. Ces tons peuvent paraître effrayant, vu que le français n’est pas une langue tonale, et que nous ne sommes pas habitué à distinguer les tons. Un mythe couramment entendu, dit qu’en se trompant d’un seul ton, la phrase change complètement de sens. On prend souvent l’exemple de la syllabe ma, qui prononcé avec tel ou tel ton, peut vouloir dire mère, cheval, gronder… En vérité, c’est avant tout le contexte et la façon dont est utilisée la syllabe qui va donner le sens. Même avec de petites erreurs de tons, vous vous ferez comprendre si la phrase est bien construite. C’est finalement la même chose en français. Si vous dites : “j’aime manger du porc”, on se doute bien que vous parlez de l’animal et non de l’endroit où les bateaux s’amarrent.
Une grammaire simpliste et un vocabulaire logique
Mais est-il vraiment facile d’apprendre le chinois? La grammaire chinoise est probablement une des plus simples au monde. Les règles de grammaire en mandarin se comptent à peine sur les doigts d’une main. En chinois, vous n’aurez pas besoin d’apprendre à conjuguer un verbe puisque les verbes ne se conjuguent pas. En effet, un “caractère-verbe” conservera toujours “sa forme”, quel que soit le pronom ou le temps utilisé. C’est une particule en plus, qui distingue le passé, du présent, et du futur. Vous n’aurez, pas non plus, à vous soucier des accords singulier/pluriel et féminin/masculin. Ceci concerne aussi bien les noms que les adjectifs. Les articles sont réduits au minimum. Les phrases conservent une structure simple et épurée : sujet – verbe – complément, qui ne s’inverse pas.
Nous avons vu plus haut comment un caractère se forme à partir de deux autres caractère. De la même façon, les mots à deux caractères se composent généralement de manière excessivement logique. Par exemple, le mot 电话 (Diànhuà), qui signifie “téléphone”, est composé du caractère 电 (Diàn), qui veut dire “électricité”, et du caractère 话 (huà), qui signifie “parole”. Plutôt intuitif non? Les mots, et les phrases sont généralement beaucoup plus courts, en terme de syllabes, que les langues occidentales. Pour dire “il n’y a pas de téléphone”, quatre syllabes suffisent en mandarin : 没有电话 (Méiyǒu diànhuà). Ainsi, le vocabulaire est bien plus facile à retenir et peut même, parfois, s’improviser.
Conclusion
Le chinois mandarin est clairement une langue très éloignée du français et des autres langues occidentales. Elle est cependant beaucoup plus facile à apprendre que ce que l’on pense. Il est évident que l’écriture, la prononciation, et les tons demanderont plus travail qu’une langue latine. Cela dit, la logique pragmatique du vocabulaire, et l’absence de grammaire, rendent cette langue ouverte à toute personne sérieuse et motivée.
Manon
C’est marrant, le caractère qui signifie « bon » en chinois, les Japonais utilise le même pour l’amour. J’aurais pensé qu’il avait le même sens en chinois. Comme les caractères pour le téléphone : en japonais ce sont les mêmes et se prononcent « densha » (lecture on, clairement dérivée du chinois).